Le général John Hyten, chef du Commandement stratégique des États Unis, a déclaré qu’il s’opposerait à un «ordre illégal» du président Donald Trump. Une manière de répondre aux déclarations insensées de Trump, qui, en septembre, de la tribune de l’ONU a menacé de «détruire totalement» la Corée du Nord…

«Trump a le pouvoir à lui seul de détruire en une demi-heure tout ce que l’humanité a créé»

Joseph Cirincione, président de l’organisation antinucléaire Ploughshares Fund.

 

La mallette qui suit le président américain dans tous ses déplacements. Celle qui lui permet à tout moment de déclencher des frappes nucléaires à distance grâce à une sorte de micro-télécommande n’a désormais pas plus de pouvoir de destruction que votre attaché case.

Samedi, le général John Hyten, responsable du Commandement stratégique de l’armée américaine, a déclaré qu’il n’obéirait pas à un «ordre illégal» de frappe nucléaire donné par Donald Trump.

Cette déclaration intervient après un débat au Sénat qui tournait précisément autour du pouvoir du président en matière de frappes nucléaires, sur fond de tensions avec la Corée du Nord. Le premier débat au Congrès sur le bouton nucléaire depuis plus de 40 ans.

A l’origine de cette mutinerie du chef de l’United States Strategic Command, l’inquiétude provoquée par Donald Trump en septembre dernier, à la tribune de l’ONU, quand il a menacé de «détruire totalement» la Corée du Nord en cas d’attaque contre les Etats-Unis ou leurs alliés. Il avait préalablement promis le «feu et la fureur» à son leader Kim Jong-un. C’était juste après deux essais d’un missile balistique nord-coréen lancés entre deux crises de fou-rire du « monarque communiste » et censé atteindre les côtes américaines.

Des sénateurs veulent retirer à Trump sa mallette nucléaire

Certains sénateurs, souhaitant limiter les pouvoirs du président, veulent lui retirer l’accès au bouton nucléaire. Chris Murphy, sénateur démocrate du Connecticut, a osé: «Nous craignons que le président des Etats-Unis soit si instable et si volatil, que son processus décisionnel soit si fantasque, qu’il puisse donner un ordre d’utiliser l’arme nucléaire de façon complètement contraire aux intérêts de la sécurité nationale américaine.»

Si des experts et élus s’accordent à dire qu’il serait justifié de tirer une fusée nucléaire en réaction à un missile nord-coréen capable de détruire une ville américaine, la crainte est que Donald Trump lance une frappe préventive.

Agacé par ce débat, John Hyten à lancé «Certains pensent que nous sommes stupides. Nous ne sommes pas stupides. Nous pensons beaucoup à ces questions. Quand vous avez de telles responsabilités, comment ne pas y penser?». Commandant de l’arsenal nucléaire des Etats-Unis, Hyten a précisé son rôle auprès du président: « le conseiller, lui présenter des options, passer en revue les scénarios qui restent dans la légalité ».

Son prédécesseur, le général Robert Kehler, avait indiqué devant le Sénat, que l’armée était «obligée de refuser de suivre un ordre illégal». Mais il s’est montré évasif sur la suite: que se passerait-il si le commandant jugeait un ordre présidentiel illégal? Une des options serait que le président limoge toute la chaîne de commandement qui s’oppose à lui pour parvenir à ses fins. Et envoie les réfractaires devant une cour martiale.

Imprécision constitutionnelle

Si techniquement, le président américain est bien le commander in chief chargé de prendre des décisions pour défendre la nation contre tout danger, et donc susceptible de déclencher le feu nucléaire, la Constitution américaine reste néanmoins peu précise sur ce point. Voici ce que son article 2, assez caduc, stipule: «Le président sera commandant en chef de l’armée et de la Marine des Etats-Unis, et de la milice des divers Etats quand celle-ci sera appelée au service actif des Etats-Unis. Il pourra exiger l’opinion, par écrit, du principal fonctionnaire de chacun des départements exécutifs sur tout sujet relatif aux devoirs de sa charge.»

Curieusement, Donald Trump, habituellement prompt à réagir quand il se sent humilié, n’a pas dit un mot ni sorti un tweet sur le général Hyten, ni sur la crainte d’élus qu’il fasse un mauvais usage du bouton nucléaire.

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