Toute maltraitance est scandaleuse, mais celle qui ne fait bouger les responsables qu’après sa médiatisation est terrible car elle dévoile une indifférence généralisée devant la cruauté.
Ce n’est pas le premier scandale concernant la maltraitance des enfants. En novembre 2017, le centre privé d’éducation spécialisée « Shems » à Al Mourrouj, au sud de Tunis, fermait ses portes après la diffusion d’une vidéo de l’agression d’un enfant. Et voici qu’une autre vidéo prouve que le problème est probablement généralisé.
Pourtant, tout un ministère est dédié à la famille et à l’enfance…
Dimanche 18 février, une vidéo est publiée sur les réseaux sociaux. Tournée en caméra cachée dans un centre spécialisé de l’Ariana, elle dévoile une terrible cruauté dans le traitement des enfant autistes. Des baffes, des insultes, des enfants molestés et plaqués au sol. La vidéo a provoqué un scandale et l’ouverture d’une enquête.
C’est le média en ligne Essada qui a publié cette vidéo qui révèle les méthodes moyenâgeuse du personnel d’un centre d’aide aux enfants autistes.
Dans l’une des séquences, une enseignante plaque un enfant contre le mur. Dans une autre, une nourrice attache les mains d’un enfant et lui assène plusieurs coups sur la tête. Dans la dernière scène de la vidéo, un enfant est attaché à une chaise et violenté.
Rashed El Khiari, directeur de Rédaction du site Essada.net est à l’origine de la publication de cette vidéo. Il raconte les circonstances de l’enregistrement: « fin janvier 2018. Nous avions reçu plusieurs informations venant de fonctionnaires du centre nous indiquant qu’il y avait eu des abus de la part de membres du personnel en charge des enfants. Nous avons donc décidé de munir une de nos sources d’une caméra cachée pour voir de nos propres yeux ce qu’il se passait […] les abus ne sont pas anecdotiques, ils sont systématiques. Tous les jours, ces enfants se font battre. Qu’ils demandent d’aller faire leurs besoins, qu’ils déclarent leur faim, qu’ils ne comprennent pas une consigne, qu’ils se plaignent […] les coups et insultes pleuvent et se font devant l’administration du centre qui ne réagit pas. »
Punitions corporelles
« Des punitions corporelles sont appliquées, comme les douches glaciales ou brûlantes. Les « enseignants » agissent en toute impunité : les enfants autistes ne pourront même pas se plaindre à leurs parents car ils ne réalisent pas que ce qu’on leur fait est anormal […] nous avons choisi de ne pas communiquer ces informations aux autorités ou aux associations. Nous avons voulu mettre les autorités au pied du mur et éveiller les consciences. […] C’est une affaire d’autant plus choquante que ce centre est financé par plusieurs organisations étatiques. »
Le ministère n’a réagit qu’après la publication de la vidéo, il a annoncé une enquête judiciaire. Il semble difficile de croire que les responsables ne savaient pas ce qui se passait dans ce centre. Il faut, comme dans tous les domaines, dévoiler à l’opinion publique les scandales pour pouvoir faire bouger une administration pléthorique qui ne fait pas le minimum vital.