Alors que la priorité absolue a été accordée par le Gouvernement Chahed à la lutte contre la corruption, une séance plénière consacrée à l’examen d’un projet de loi relatif à « la dénonciation de la corruption et à la protection de ses dénonciateurs » a été reportée à une date ultérieure.
M. Hassen Fathalli, chargé de communication de l’Assemblée des Représentants du Peuple nous a fait savoir que cette décision a été prise à la demande du gouvernement.
La séance était prévue pour les 14 et 15 février 2017 avant que les députés ne soient informés du report de cette plénière par SMS, la veille à 17h45, comme nous l’a rapporté le député du bloc Al-Horra, M. Raouf El May.
Contacté par La Nation, le député a exprimé sa colère contre ce manque de respect envers les parlementaires, « c’est une violation du règlement intérieur de l’ARP car c’est irresponsable de reporter une séance plénière seulement 14 heures avant son commencement […] Il y a des députés qui sont venus de l’étranger et d’autres qui sont venus du Sud du pays pour participer à cette séance ».
Selon certains échos, le gouvernement n’aurait pas été informé de cette plénière, tout en sachant que ladite séance était aussi consacrée à l’audition de Abid Briki, ministre de la Fonction Publique et de la Gouvernance.
Les députés n’ont pas accepté cette excuse tout en rétorquant que la date de la séance a été fixée et rendue publique plus de dix jours auparavant.
Selon M. Raouf El May, deux scénarios sont possibles :
– Soit il y a un problème de communication entre le parlement et le gouvernement et ce serait grave car la Tunisie est l’un des rares pays qui possède un ministre chargé des Relations avec le Parlement
– Soit il y a un problème de communication entre le parlement et le gouvernement et ce serait grave car la Tunisie est l’un des rares pays qui possède un ministre chargé des Relations avec le Parlement
– Soit les changements opérés par les députés sur le texte initial proposé par le gouvernement gênent ce dernier. Pourtant, selon le législateur, le texte a été revu dans un sens plus rigoureux pour protéger les dénonciateurs. Auquel cas, le recul du gouvernement exige des explications sur ses intentions quant à la lutte contre la corruption.
Le député Sahbi Ben Fredj s’est lui aussi indigné contre ce report. Il considère que « la lutte contre la corruption est une question assez délicate pour que la plénière soit reportée sans aucune excuse valable […] le gouvernement doit faire preuve de diligence pour que cette loi soit adoptée et appliquée le plus rapidement possible pour que la lutte contre la corruption commence sérieusement […] En attendant que cette loi soit approuvée, plusieurs fonctionnaires sont derrières les barreaux ou ont été renvoyés de leur travail pour avoir dénoncé la corruption, à savoir Issam Dardouri et Adel Zouari ».
Quelles que soient les raisons de ce report, ce flou ne profite pas au gouvernement. Rappelons que Youssef Chahed, à son discours d’investiture, a insisté sur la priorité absolue de son mandat : la lutte contre la corruption. L’absence de résultats efficaces dans cette lutte est l’un des reproches les plus virulents faits au Gouvernement Chahed qui arrive difficilement à communiquer les raisons réelles et souvent institutionnelles de son inefficacité sur ce plan précis.