Rached Ghannouchi a déclaré samedi 27 octobre 2018 à l’ouverture d’une conférence des cadres du mouvement Ennahdha que l’assassinat de Khashoggi par les agents saoudiens va entraîner des conséquences assimilables à celles qui ont succédé à l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi en 2010, sous entendant ainsi que le peuple saoudien va se soulever contre le régime des Saoud.
Des journaux locaux ont d’ailleurs immédiatement interprété cette déclaration comme un appel au chaos (ici).
Ghannouchi a ajouté : « les pays et les puissances n’ont aucun poids devant la force de l’information et des réseaux sociaux qui ont contribué, très largement à la diffusion des réalités de certains régimes […] Les peuples ne sont plus dupes et ne peuvent plus cautionner les manigances et les marchés conclus dans les coulisses, entre les gouvernements, pour étouffer telle ou telle affaire […] cet assassinat aura des répercussions assimilables à celles qui ont suivi le suicide de Bouazizi qui a ébranlé la Tunisie pour s’étendre à une bonne partie du monde arabe. »
La nébuleuse islamiste tunisienne chapeautée par Rached Ghannouchi est cependant elle même soupçonnée de tout ce dont Ghannouchi accuse les dirigeants saoudiens. En effet, Ennahdha a ouvertement contribué à travers les déclarations de ses propres dirigeants, à l’envoi des djihadistes en Syrie. Elle est soupçonnée d’avoir commandité les assassinats politiques de Belaïd et Brahmi. Elle est également accusée d’avoir sorti du ministère de l’Intérieur plusieurs boîtes d’archives qui ont été expurgées des affaires la concernant. Les preuves d’une police parallèle d’Ennahdha sont édifiantes et plusieurs procès sont en cours.
Ennahdha a en outre sabordé l’État tunisien par le paiement de plus de mille milliards de « compensations » pour ses militants et par le recrutement inconsidéré de 150 000 fonctionnaires dans une administration qui était déjà en sureffectif. Elle a également largement contribué à la destruction de l’économie en privilégiant ses alliés étrangers aux acteurs économiques tunisiens. Aujourd’hui Ennahdha, après avoir épuisé son alliance avec Béji Caïd Essebsi et poussé ainsi son parti, Nida, à l’autodestruction, est devenue le principal soutien du chef du gouvernement Youssef Chahed dont le bilan général à la tête de la Tunisie est catastrophique.