Après l’interdiction de voyage pour les femmes non accompagnées d’un homme, l’arrivée d’un cheikh saoudien qui prêche l’islam wahhabite dans toutes les mosquées, l’interdiction des livres… Quelle est la nature du lien entre Haftar et les salafistes libyens instrumentalisés par les wahhabites ?
Les dernières mesures prises à l’est de la Libye par le maréchal Haftar, et qui sont contestées par la population, mettent en lumière les liaisons dangereuse du maréchal Khalifa Haftar avec les wahhabites. Ces liaisons mettent le maréchal devant ses contradictions, car il ne cesse de critiquer les islamistes de tout bord.
Les cheiks de ce mouvement offrent une couverture religieuse à Haftar et lancent des fatwas en sa faveur. Ils appellent à le soutenir dans son combat contre les islamistes extrémistes proches de Daesh. Tel Ansar al-Charia, le conseil de Choura de Benghazi ainsi que les Frères musulmans. D’ailleurs de nombreux officiers salafistes sont morts sur le front à l’ouest de Benghazi en combattant dans les rangs du maréchal. Ils ont rejoint l’armée qu’il dirige à l’Est et certains sont devenus très proches de lui. Ils lui sont très utiles en matière de renseignements. En échange, les salafistes ont la main libre pour gérer les mosquées, où ils diffusent largement leur idéologie. Leur influence est aujourd’hui très forte dans l’armée comme partout sur le terrain. Un de ces officiers, Ashraf el-Mayyar, voulait faire un émirat islamique en Libye avant de rejoindre les forces de Haftar. Il est devenu un homme de confiance du général.
Les dernières décisions des autorités militaires sont prises sous influence de ces salafistes, au risque de faire baisser la popularité du maréchal, mais ce dernier, depuis qu’il a la main mise sur le plus gros du pétrole libyen en s’emparant des installations du golfe de Syrte, a pris un avantage sur ses rivaux de l’Ouest. Il est devenu aujourd’hui incontournable à l’intérieur comme à l’extérieur de la Libye.