L’Espérance fête sa dernière année avant son premier siècle sous le signe d’une colère légitime devant l’annulation d’un match hautement symbolique où le doyen des clubs tunisiens voulait rendre hommage à la cause palestinienne.
Hier, devant le théâtre municipal, les supporters ont manifesté leur colère pour le match annulé contre la Palestine, match pour lequel ils avaient préparé une magnifique Dakhla dont vous trouverez ci-dessous la maquette.
https://www.facebook.com/Ultras.Arab/videos/1563830330359464/
La maquette de la Dakhla annulée;
Un détail de la Dakhla avec la militante Ahd Tamimi
Ci dessous le président Hamdi Meddeb avec son homologue le président de l’équipe palestinienne de Taraji Oued Eniss
La colère des Espérantistes suite à l’annulation du match, une banderole a été mise en place hier durant l’entraînement de l’équipe. Le message :
تتشدقــون بالحريـــة ، و ترفضــــون دخلة مساندة القضيـــة ️
(Ils chantent la liberté mais refusent de soutenir la cause)
Le fondateur des Ultras du club palestinien porté en triomphe par les Espérantistes
A l’occasion de l’anniversaire de l’Espérance, La Nation vous offre un extrait tiré du « Livre Rouge et Jaune », publié en 2014.
«L’Espérance, club nationaliste de première heure, a contribué dans une large mesure à inculquer l’esprit patriotique aux masses tunisiennes».
Habib Bourguiba
Née de la volonté de Mohamed Zouaoui, un jeune homme du peuple, âgé d’à peine 19 ans, l’Espérance de 1919 n’avait ni les moyens ni le potentiel humain pour rivaliser avec les autres équipes. Elle ressemblait plutôt à une petite équipe de quartier qui ne devait sa survie qu’à la foi de ses onze joueurs et au dévouement de ses dirigeants.
La pauvreté était telle que les joueurs devaient attendre que les réserves terminent leur match, en lever de rideau, pour enfiler leurs maillots et leurs chaussures.
Pas moins de quatre joueurs et dirigeants travaillaient dans la «blaghjia», ce qui réduisait considérablement les frais d’entretien des chaussures et du ballon (les frères Mohamed et M’Hamed Mouh, Hassen Bouderbala et Mohamed Zouaoui).
Autour de cette équipe, un groupe de dirigeants aussi disponibles que dévoués ont assuré à l’Espérance sa pérennité, sa stabilité et son prestige.
De ces pionniers, on peut citer, avec beaucoup d’émotion, Hédi Kallel, Moncef Karoui, Laâroussi Ben Osmane, Cheikh Nachi, Ridha Kammoun, Mokhtar Ben Abid, Hamadi Ben Ghachem, Hassen Ben Zakkour.
Cette époque reste profondément marquée par la longue présidence du charismatique Dr Chedly Zouiten, dirigeant d’envergure, homme décidé et avisé, qui savait imposer sa volonté et faire fléchir les résistances. Sa personnalité se confondait avec celle de l’Espérance.
Sa mort, vécue comme un véritable séisme, marqua profondément l’Espérance.
Sa succession fut réussie grâce à une formidable équipe de jeunes dirigés par Mohamed Ben Smail que Chedly Zouiten avait intégré au Bureau Directeur quelque temps avant sa mort.
Avec l’arrivée de Ali Zouaoui, en 1969, les données commencent à changer.
D’abord, il donne aux festivités commémorant le cinquantenaire un éclat particulier, digne d’un événement national. Ensuite, il brise pour la première fois le tabou de l’argent dévolu aux joueurs.
Avec Ali Zouaoui, il y a comme une rupture avec le mode de gestion établi. Fait curieux, ce grand homme d’Etat, totalement étranger au monde sportif, acquiert une notoriété sans limites et s’implique tant dans sa mission qu’il devient rapidement un pur et dur que tous les espérantistes adorent.
Le secret de sa réussite est aussi d’avoir disposé, sur le terrain, d’une équipe formidable, l’une des plus attachantes que l’Espérance ait connues, avec l’éclosion de la génération des Gabsi, Gueblaoui, Touati, Meddeb, Hammami, Akacha, Laâbidi, Machouche, Ben M’Rad, Torkhani, etc. Et puis, il ne faut pas oublier non plus qu’il s’est entouré, au Comité directeur, de collaborateurs de très grande qualité, à l’instar de Boubaker Ben Jrad, Fethi Farah, Kilani Talmoudi, Naceur Knani, Mustapha Mazigh, Mahmoud Hammoudia, Abdelhamid Marsaoui, Med Ali Khenissi, etc.
Ali Zouaoui était tellement apprécié qu’il aurait pu voir son mandat renouvelé plusieurs fois, si ce n’était la grave affaire du 13 juin 1971 où des manipulations politiques ont empêché l’Espérance de remporter le doublé.
Dans la décennie qui a suivi, Hassen Belkhodja (1971-1981) a placé la barre haut. Grand commis de l’Etat, homme efficace, aimable et au verbe facile, il estimait qu’il fallait diriger l’Espérance comme une grande entreprise. Il a déclaré à propos de sa mission à la tête du club: «Le grand apport que j’ai pu faire est de discipliner cette force pour qu’elle soit plus efficace, et qu’elle ne s’égare pas dans la démagogie et les futilités». َSuite au décès de Hassen Belkhodja, Naceur Knani, Abdelhamid Achour et Moncef Zouhir assurèrent, malgré les difficultés, le leadership toutes sections confondues et Mondher Zenaïdi entama un projet de rénovation des infrastructures. A partir de 1989, Slim Chiboub succéda à Hédi Jilani qui venait d’obtenir un superbe doublé. L’Espérance remporta dans les années 1990 tous les titres en jeu dont le plus prestigieux : la Coupe Africaine des Clubs Champions. Aziz Zouhir reprit le flambeau dans des conditions de terrible adversité interne et externe (tous les clubs voulaient en découdre avec l’Espérance de l’après Chiboub) et réussi, dans une ambiance marquée par le retour en masse des supporters, le fabuleux paris de remporter 3 titres nationaux sur 4. Malgré ce bilan, l’adversité et les sabotages sont tels que Zouhir cède la place à Hamdi Meddeb qui catapulte l’Espérance à un niveau sportif et financier jamais atteint. Le nombre d’abonnés au club est à son niveau maximal et l’Espérance entre de plain-pied dans une époque fastueuse. Elle remporte plusieurs titres dont sa deuxième Ligue des Champions et s’approche de son premier siècle dans l’esprit qui a toujours été le sien, celui de la victoire dans la dignité et le patriotisme.
A suivre (Source : Le Livre Rouge et Jaune)