Le prince Moulay Hicham El Alaoui, cousin du roi Mohamed VI, a été accompagné ce vendredi par 5 éléments des forces de l’ordre à l’aéroport de Tunis Carthage pour être expulsé du territoire. «Le prince rouge» se trouvait en Tunisie pour y animer une conférence.

Pour rappel, le prince Moulay Hicham, qualifié par les médias de «prince rouge» pour ses sorties critiques à l’encontre de la monarchie marocaine, entretient des relations compliquées avec son cousin, le roi Mohammed VI. Moulay Hicham avait publié en 2014 un livre autobiographique intitulé Le prince banni.

Le prince Moulay Hicham, qui se trouvait en Tunisie dans le but d’y animer une conférence, a été conduit ce vendredi après-midi à l’aéroport de Tunis Carthage par cinq éléments des forces de l’ordre tunisiens. C’est ce que vient de nous confirmer le journaliste espagnol Ignacio Cembrero. «J’étais en contact avec lui et avec l’hôtel où il résidait. Tout ce que je peux dire c’est qu’il a été conduit à l’aéroport par cinq agents de la police tunisienne», nous confie le journaliste.

«J’ai discuté avec le prince au téléphone. Il m’a dit qu’il était sur le point d’être expulsé vers la France. Maintenant, je ne sais pas s’il a pris le vol ou pas encore», poursuit Ignacio Cembrero, selon qui la décision d’expulser le cousin du roi Mohammed VI émane des plus hautes autorités tunisiennes. «Je pense que c’est une mauvaise idée de la part des autorités tunisiennes d’avoir expulsé Moulay Hicham. Mais je pense que la décision lui a été soufflée par un pays tiers. Il ne faut pas être devin pour imaginer que ce soit le Maroc», estime le journaliste.

Dans un article récemment publié par le média algérien TSA-Algérie, Ignacio Cembrero explique que les policiers sont venus le «cueillir» au bord de la piscine de l’hôtel Mövenpick, où le prince logeait en attendant d’animer une conférence à Tunis. «Moulay Hicham a demandé à ce que l’ordre d’expulsion lui soit remis par écrit ou à ce qu’un procès-verbal soit dressé, mais les policiers ont refusé», précise l’ex-journaliste d’El Pais.

Le cousin de Mohammed VI devait participer, à partir de dimanche à Tunis, à un séminaire organisé par l’Université de Stanford sur la gouvernance et les défis sécuritaires dans trois pays arabes: le Maroc, l’Egypte et le Yémen.

Si le journaliste espagnol soupçonne le Maroc d’être derrière l’expulsion de Moulay Hicham, une autre version avancée par plusieurs observateurs privilégie la piste saoudienne. Le cousin du roi devait animer un colloque sur l’expérience du printemps arabe au Maghreb dans la capitale du Qatar, Doha, le 12 septembre prochain. Ce qui aurait fortement déplu aux régimes saoudiens et émiratis, très souvent critiqués par Moulay Hicham dans ses analyses de l’après Printemps arabe. Les autorités de ces deux pays sont toutes aussi suspectées d’avoir mis la pression sur la Tunisie de Béji Caïd Essebsi pour expulser le cousin de Mohammed VI, également parent avec la famille royale saoudienne.

Malgré la révolution, les autorités de la jeune démocratie tunisienne restent soumises aux réflexes d’antan. Une hirondelle ne fait pas le printemps.

Mise à jour :

Ce n’est que 3 jours après cette expulsion, le 12 septembre, que la première réaction officielle a eu lieu, émanant de Saïda Garrach, la porte parole de la Présidence de la République. Il faut préciser que cette réaction a été publiée sur sa page personnelle: « Il est nécessaire de préciser que le président de la république est mécontent de ce qui s’est passé pour le chercheur le prince Hichem Alaoui et son expulsion du territoire tunisien. Il convient de savoir que l’opération d’expulsion s’est déroulée selon des procédures administratives automatiques sans en référer aux responsables ce que nous regrettons ».

Des explications supplémentaire sont attendues sur ces pratiques honteuses qui vont à l’encontre de l’intérêt du pays, de sa réputation et des valeurs qui seraient désormais siennes.

Précisons que le prince a fait, après son expulsion, une déclaration remarquable où il a accusé les pratiques des autorités mais marqué son respect pour le peuple tunisien.

Source : H24 Le Figaro

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