Les circonstances
Les circonstances du serment d’Hannibal remontent à 237 av. J.-C., lorsque son père, Hamilcar Barca, se préparait à partir pour l’Hispanie afin de consolider la puissance carthaginoise après la Première Guerre punique. Avant de quitter Carthage, Hamilcar, commandant militaire respecté, emmena son fils aîné Hannibal, alors âgé d’environ neuf ans, dans un temple de la cité. Selon Polybe, cet événement survint alors qu’Hamilcar offrait un sacrifice, marquant un moment solennel avant son départ pour une campagne visant à redresser l’économie et l’influence de Carthage face à Rome. C’est dans ce contexte que le serment fut prononcé.
Le serment
Hannibal, enfant, prêta ainsi son célèbre serment devant l’autel de Baal Hammon, une divinité carthaginoise majeure, dieu tutélaire de la cité associé à la puissance et à la protection. Selon Polybe, dans ses Histoires (Livre III, 11), Hamilcar fit jurer à son fils de « ne jamais être l’ami des Romains » (μηδέποτε Ῥωμαίοις φίλον εἶναι). Cette formulation reflète un engagement politique et stratégique plutôt qu’une animosité personnelle, témoignant de l’opposition durable entre Carthage et Rome. Polybe, écrivant vers 150 av. J.-C. et s’appuyant sur des sources proches des événements, est généralement tenu pour plus fiable.
La propagande de Tite-Live
En revanche, Tite-Live, dans Ab Urbe Condita (Livre XXI, 1), rédigé plus tard à la fin du Ier siècle av. J.-C., dramatise le serment en le présentant comme une « haine éternelle » (odium Romanorum), une exagération typique de son style narratif et de la perspective romaine. Le cadre du temple de Baal Hammon reste cohérent dans les deux récits, ce lieu étant symbolique pour un vœu aussi grave, scellant l’avenir d’Hannibal comme adversaire implacable de Rome.