Le premier écrivain de l’histoire est une écrivaine, en plus, elle a un nom magnifique qui signifie « Noble ornement du dieu céleste »: Enheduanna, c’est une princesse mésopotamienne, elle a vécu il y a 43 siècles et ses écrits nous sont parvenus!
Enheduanna, fille du roi Sargon, unificateur de la Mésopotamie et fondateur de l’empire d’Akkad, était également prêtresse et surtout poétesse de langue sumérienne. Elle est née aux environs de l’an 2300 avant J.-C. et une part importante de son œuvre nous est parvenue, ce qui est miraculeux. À la fin de cet article, quelques extraits de ses écrits composés il y a plus de 4000 ans et également l’une de ses représentations, gravée sur un disque d’albâtre.
Grande prêtresse du dieu Nanna
Pour tenter de mieux contrôler la plus importante des villes de Sumer, Sargon fait de sa fille, Enheduanna la grande prêtresse d’une des divinités majeures du panthéon mésopotamien, le dieu Nanna, le Dieu-Lune.
Elle assumera sa charge après la mort de son père, avant d’être provisoirement exilée pendant le règne de son demi-frère Rimush. Cet exil est évoqué dans son poème « L’Exaltation d’Inanna » devenu, avec deux autres de ses poèmes, des hymnes religieux restés en usage pendant des siècles.
Enheduanna a écrit une cinquantaine de poèmes retrouvés sur des tablettes de terre cuite et dénommés « Les Hymnes de temple sumériens », rédigés pour chacune des principales villes de l’empire de son père.
Représentations
Enheduanna est représentée au milieu de trois autres personnages sur un disque d’albâtre (image ci-contre) trouvé en 1927 dans les fouilles du sanctuaire de Nanna à Ur et actuellement visible au musée archéologique de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie. Au dos du disque figure l’inscription : «épouse de Nanna et fille de Sargon ».
Également, deux sceaux portant son nom et datés de l’époque de Sargon ont été découverts au cimetière royal d’Ur.
Plus de 100 tablettes cunéiformes ont été retrouvées et traduites de poèmes attribués à Enheduanna.
Extraits de « L’Exaltation d’Innana »
« Dame de tous les pouvoirs divins, lumière resplendissante, femme vertueuse habillée de rayons, chérie d’An et d’Uraš ! Maîtresse du paradis, au grand diadème, qui aime la belle coiffure convenant aux hauts offices de la prêtresse, qui détient tous ses sept pouvoirs ! Ma dame, vous êtes la gardienne des grands pouvoirs divins ! (…) »
« Faisant pleuvoir un brasier enflammé sur la terre, dotée des pouvoirs divins d’An, dame chevauchant une bête, dont les mots sont prononcés par la commande divine d’An ! Les grands rites sont vôtres : qui peut en sonder les profondeurs ? Destructrice des terres étrangères, vous conférez de la force à l’orage. Chérie d’Enlil, vous avez fait peser une terreur stupéfiante sur la terre. Vous êtes établie au service des commandes d’An. »
« A votre cri de guerre, ma dame, les terres étrangères s’inclinent très bas. Lorsque l’humanité, silencieuse et effrayée, s’avance devant vous dans une tempête et un éclat terrifiant, vous empoignez le plus terrible des pouvoirs divins. »