Le militant Ezzedine Hazgui vient de publier son nouveau livre « »Nadharatou Ommi », (les lunettes de ma mère). Il évoque ses souvenirs de prisonnier politique et les souvenirs de ses souvenirs d’enfant.
« Chaque nuit, durant les deux mille et deux nuits passées en prison, je sortais, malgré moi. »
Le titre de livre est tiré d’une anecdote vécue par l’écrivain. Il a entendu par hasard sa mère parler à la voisine : «Mon souhait c’est de réparer mes lunettes. J’ai aussi envie de manger une poire. Je ne demande que ça». Ezzedine, très touché par le modeste vœu de sa mère, a décidé de le réaliser. « Il m’a fallu attendre trois semaines pour pouvoir le réaliser. Cela faisait seulement une semaine que j’avais obtenu un travail et il me fallait attendre la fin du mois pour pouvoir acheter des poires pour maman et lui réparer ses lunettes». Mais le destin fut cruel. Sa mère est morte avant qu’il ne puisse lui réparer ses lunettes et lui acheter ses poires. Elle n’a pas pu voir son fils grandir et prendre soin d’elle.
Autant en emporte la mort !
Profondément touché par le sort de sa maman, Ezzedine est parti à la recherche d’une mère immortelle. « C’est pour cela que je suis entré dans le monde de la politique », nous confie-t-il. Cette quête lui a coûté cher, entre autres, une parenthèse carcérale à la prison De Borj Erroumi de Bizerte.
Les libres souvenir de Ezzedine
Dans sa cellule, l’auteur se rappelait de son enfance, de sa famille, de son village. Il écrivait ses souvenirs sur les paquets de cigarettes et quand sa femme lui rendait visite, elle prenait le paquet et lui en laissait un autre pour fumer et aussi écrire, c’est ainsi que ses écrits ont passé les barreaux.
Un livre documentaire :
Les faits, mais aussi les images et la description des lieux et des personnages constituent une formidable documentation sur la vie de l’époque. Le hamam, el guamila « la gamelle », le bordel, l’échange des cigarettes en prison… témoignent d’une grande partie de l’histoire de la Tunisie.
Plusieurs livres en un seul :
Ezzedine Hazgui semble ignorer la barrière de la langue. Ce livre, écrit en arabe, évoque «Les Caractères» de La Bruyère: l’auteur y dépeint les traits de ses personnages et nous livre, implicitement, le bilan psychologique de chacun. Le « Livre des jours » de Taha Hussein et son voyage dans le temps par le biais des souvenirs est également omniprésent.
Le « bébé » de si Ezzedine, comme il aime à l’appeler, fera date. Il sera présenté samedi 24 février à partir de 16h à la librairie Mille Feuille de La Marsa (Marsa Plage).