Bilel Aloui, à bord d’un « vélo-théâtre », présente des spectacles aux enfants des zones marginalisées.
L’aventure de Bilel Aloui a commencé avec sa fameuse 404 bâchée de l’espoir. Une vieille camionnette dont il se servait pour se déplacer dans les quatre coins du pays, pour donner du bonheur aux enfants marginalisés.
Devant la hausse des prix du carburant et faute de moyens, Bilel a failli abandonner son rêve, mais, tenace, il a choisi de commencer l’année 2018 par un autre projet : «le théâtre mobile». Le projet se base sur un vélo, une petite charrette et beaucoup d’amour.
Contacté par La Nation, Bilel a fait savoir qu’il y a deux raisons qui l’ont poussé à se lancer dans ce projet : « Déjà le vélo c’est gratuit, alors que j’ai beaucoup souffert de la hausse des prix du carburant. Aussi, il y a des enfants qui habitent dans des zones loin des routes. , là-bas derrière les montagnes et qui ont besoin de se divertir et de se cultiver. On ne peut pas les atteindre avec la 404 bâchée. Pour ça, le vélo est plus pratique. »
Malgré les difficultés, Bilel semble tenir bon. « Dans la vie, chacun de nous a une mission. C’est son destin. Moi, par exemple, je dois chercher ces enfants pour leur offrir un peu de bonheur avec les moyens que j’ai. Il y a aussi des journalistes qui rapportent ce que je trouve comme misère dans ces régions, comme il y a des gens généreux qui nous donnent des cadeaux pour ces enfants. Chacun constitue une maille dans la chaîne de la vie »
Où est l’État dans tout ça ?
Bilel avait le rêve de parcourir tous les village de la Tunisie avec un grand camion tout-terrain, équipé de tout ce qu’il faut pour présenter des spectacles et donner du bonheur aux enfants de la Tunisie profonde.
Avec la petite subvention qu’il a eu du ministère de la Culture, Biel s’est contenté d’une 404 bâchée qu’il a baptisée « La 404 bâchée de l’espoir ». Devant les frais qui se multiplient et face à une administration qui traine pour transférer l’argent, Bilal s’est muni de son vélo pour atteindre les zones défavorisées.
D’ou vient toute cette énergie ?
Le sourire sur les visages à la fois angéliques et misérables, les applaudissements des petites mains tannées très tôt par les difficultés de la vie, la danse des enfants avec les clowns après de longues journées de fatigue pour trouver de quoi manger, tout cela a constitué le catalyseur de Bilel pour avancer et briser les barrière d’une administration tétanisée.
Bilel nous a raconté des scènes vécues qui font mal. «Certains enfants n’ont jamais joué à rien, ils n’ont jamais ri. Leur quotidien se limite à ramasser le bois pour se réchauffer et à aider leurs parents dans leurs corvées quotidiennes. Certains ont même eu peur des clowns!»
Il faut rappeler que l’œuvre de Bilel figure parmi les priorités de notre Constitution. l’État a consacré tout un budget pour ça. Il y a des institutions et des outils qui sont consacrés aux zones déshéritées et pourtant, outre les actions de la société civile, jamais rien n’a été fait.
Heureusement que la Tunisie a toujours donné naissance à des enfants prodiges comme Bilel pour faire renaitre l’espoir dans le cœur des enfants.