Par Imène Gamoudi, enseignante universitaire et ex-enseignante du secondaire
Oui, il a bon dos !
Il assume, à lui seul, tous les maux de la Tunisie. Il est responsable de la crise de l’enseignement secondaire, de la baisse du niveau des élèves et même du chômage. Il est responsable de la crise financière et de la baisse du dinar. Tous les jours, je remercie Dieu de nous avoir donné Lassaâd Yaâcoubi car, au moins, nous pouvons nous défouler en insultes et autres noms d’oiseaux, déverser notre haine et nos frustrations sur lui et surtout continuer à nous voiler la face autant que possible afin d’éviter de comprendre ce qu’il se passe et d’accuser à tort le gouvernement. Ce gouvernement si prompt à combattre la corruption et qui s’applique à redresser l’économie et à endiguer le chômage. Ainsi, le constat est simple : en Tunisie, tout irait bien s’il n’y avait pas Lassaâd Yaâcoubi.
Mais ce n’est pas si simple car, militer pour améliorer les conditions de travail et de vie des enseignants du secondaire est devenu un crime. Se battre pour avoir une retraite anticipée pour des professeurs qui meurent, par dizaines, dans les salles de classes est devenu scandaleux. Je sais que je défends l’indéfendable car, défendre l’UGTT, est considéré comme une aberration. En fait, si Lassaâd Yaâcoubi se trouve l’objet de tant de haine c’est paradoxalement, parce qu’il est presque l’un des seuls élus qui tient ses promesses et s’attache à exécuter, sans les trahir les vœux de ses électeurs. C’est surréaliste que l’on diabolise un homme qui fait bien le travail qu’on lui a confié : défendre ses pairs, leurs intérêts et l’école publique dont le ministère de tutelle paraît ne pas se soucier. Tout le monde parle de l’enseignement de qualité, mais personne ne semble se rappeler que cet enseignement est effectué par des êtres humains qui méritent de jouir des conditions minimales de dignité car ils s’épuisent à la tâche jusqu’à la mort. Un enseignement de qualité se fait aussi dans un cadre où les conditions minimales de confort sont assurées et non avec des tables cassées et des murs qui tombent en morceaux.
Il n’y aurait pas de crise, ni de risque d’année blanche si le gouvernement fixait ses priorités à partir de choix judicieux et patriotiques car toute nation qui se respecte commence par assurer son avenir en choyant ses générations futures. Malheureusement, tout porte à croire que la préservation de l’intérêt d’une certaine caste d’intouchables prime sur la réforme de l’enseignement public. Une réduction des dépenses des ministères (voitures et bons d’essence) conjuguée à des mesures concrètes visant à récupérer les taxes et autres impôts des grandes fortunes suffirait à trouver le budget nécessaire pour résoudre la crise. La solution ? Pousser le gouvernement à assumer son rôle : négocier et apporter des solutions dignes permettant de résorber la crise.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, aujourd’hui, je soutiens le syndicat des enseignants du secondaire. Aujourd’hui, tous les enseignants sont Lassaâd Yaâcoubi !