Le Dr. Machhour Moustapha est un metteur en scène et universitaire libanais. Il était en visite en Tunisie pour participer au colloque international « La citation dans le discours » organisé à l’Université de Kairouan les 12, 13 et 14 avril 2017.
Lors d’une rencontre avec La Nation, le Dr. Moustapha a parlé à bâtons rompus de sa carrière, de ses projets et de sa vision de l’art et la culture dans le monde arabe. Il nous a donné rendez-vous dans un café culturel à Tunis, où il nous attendait avec son ami de toujours et collègue derrière le rideau, M. Nasseur Tlili.
Pour commencer, l’universitaire nous a parlé de l’intervention qu’il allait faire lors du colloque scientifique de Kairouan : « je vais illustrer comment insérer les citations dans les pièces théâtrales (…) Puisque l’outil de la ponctuation est absent dans le théâtre, il faut maîtriser les techniques pour le remplacer : l’éclairage, les costumes, les effets sonores … En gros il s’agit de la représentation de citation ou bien le passage de l’abstrait au concret », a-t-il expliqué.
Réalisateur et metteur en scène de plusieurs pièces de théâtre à succès, le Dr. Moustapha est revenu sur les secrets de cette réussite. En évoquant Noir sur blanc (1987-1989), La lune éclaire les humains (1991-1992), Ils l’appelaient l’amour (1992- 1993), Cana, Nation (1997) et Les frontières de Cana (1998), il a trouvé le temps de nous parler des coulisses de ces pièces ou « les coulisses des coulisses », selon son compagnon.
Pour lui, l’essentiel c’est d’être créateur et novateur pour présenter quelque chose de la meilleure qualité pour les spectateurs. La pièce Cana, Nation était par exemple un travail qu’il a commencé avec des étudiants. Après le massacre de Cana en 1996, ils ont réalisé une enquête sur les cauchemars des enfants de la ville après ce qu’ils ont vécu lors du bombardement. Les données ont été utilisées plus tard pour présenter l’équivalent théâtral de cet horreur psychologique.
M. Naceur Tlili n’a pas hésité à son tour, à rappeler d’autres exploits de son ami sur la scène. Il nous a parlé du fameux show « Ils l’appelaient amour « réalisé dans un palais au Liban, où tout l’espace s’est transformé en une scène de théâtre. Les habitants, dans les rues, regardaient les acteurs entrer et sortir du palais, les amoureux parlaient à travers les fenêtres et même la plage a abrité des morceaux du spectacle.
Le problème du financement de l’art théâtral
Le metteur en scène est d’accord pour dire que les gouvernements, surtout ceux des pays arabes, doivent miser plus sur la culture en finançant les artistes, derniers remparts contre l’obscurantisme et le terrorisme, mais les hommes de théâtre ne doivent pas pour autant baisser les bras devant l’absence de moyens. Il s’est rappelé que lors d’un spectacle, une coupure de courant avait interrompu une représentation, mais avec une disposition intelligente de bougies et de torches, le spectacle avait pu reprendre en gagnant en puissance et en intensité. Les spectateurs avaient d’ailleurs demandé à ce que l’éclairage demeure ainsi, a-t-il affirmé.
Certains « artistes » profitent des subventions pour produire des projets médiocres
« Ce phénomène existe vraiment » assurent les deux hommes de théâtre (…) mais cela ne signifie pas qu’on doit arrêter de soutenir ou limiter les subventions. Les budgets accordés à la culture dans tous les pays arabes sont déjà limités. Il ne faut pas les limiter davantage.
Pour conclure, Dr. le Machhour Moustapha a considéré que les gouvernements arabes devaient passer à l’économie de guerre… mais pour la culture. CQFD