Tribune du Dr Maher Haffani
La Tunisie est malade, menacée dans son existence, du moins dans sa forme moderniste actuelle.
Ses principaux ennemis sont les obscurantistes religieux et les apprentis politiques.
Les exigences économiques sont utilisées et mises malicieusement en avant pour occuper les politiques et les figer dans leur incompétence.
Non, les choix économiques ne sont tributaires que d’une volonté politique et ces choix demeurent juste un moyen pour accomplir le bien être citoyen.
Les slogans inventés du type diversité, vivre ensemble, etc. sont à première vue de la communication mais en réalité on s’aperçoit rapidement que c’est de la politique. Cela permet l’apparition de quotas entre-autres excentriques donnant une permanence du vivre ensemble entre un projet sociétal contemporain en harmonie avec la « tunisianité » et l’autre projet sociétal nostalgique d’un temps largement révolu.
Ce vivre ensemble ne peut aboutir à plus ou moins long terme qu’à un seul résultat, celui de la cassure de la nation par défection des élites, toutes sans exception. On nie sciemment, dans ce pays, le clivage coupable entre les deux projets. Tout le monde fait « comme si ». Les médias font tout pour le banaliser en vulgarisant ses aspects et cherchent même à noyer ses dissensions flagrantes dans des discussions byzantines de programme et de visions. On ne rechigne pas à envoyer devant la justice tous ceux qui, de près ou de loin, risquent de mettre en péril ce système machiavélique.
La tragédie, aujourd’hui, est que tout est noyauté par cette minorité fortement représentée, à tel point que même le rap, en apparence moyen d’expression d’une jeunesse en mal de vivre, joue, pourtant, un rôle capital dans la formation de l’état d’esprit en faveur des obscurantistes religieux.
Qui sont les alliés des obscurantistes ? Principalement les partis politiques et les grands corps de l’état. Toute cette superstructure est l’alliée de cette volonté de transformer la société tunisienne pourvu qu’elle maintienne intacts ses acquis et avantages.
Que faire ?
Aujourd’hui, alors que nous sommes à la veille d’élections décisives, la solution passe impérativement par les urnes. Le choix doit être éclairé et il faut éviter de tomber dans le même piège qu’en 2014. Même si, à ce jour, la scène politique paraît n’être occupée que par les islamistes et leurs alliés, qu’ils soient au pouvoir ou en dehors, il ne faut plus tomber dans la nasse du vote « utile ».
Les arguments sur une nouvelle classe politique rassemblant des «quadragénaires rompus aux rouages de l’état » doivent être considérés avec méfiance. Il faudrait, au lieu de sombrer dans une nouvelle illusion, chercher à connaître les véritables motivations de ces candidats pour que le choix soit avisé et qu’il aboutisse à une majorité capable d’assumer des résolutions fermes qui permettront de rompre avec les complicités et les compromissions.