Donald Tusk, président du Conseil européen, qualifie d’« inquiétantes » les déclarations de la nouvelle administration américaine. Il estime, dans un courrier envoyé aux chefs d’États mardi 31 janvier, qu’elles pèsent sur le futur de l’UE et sur les relations transatlantiques.
Dans cette missive envoyée aux chefs d’États et de gouvernements de 27 pays de l’UE (sans le Royaume-Uni), en préparation du grand sommet célébrant les 60 ans du Traité de Rome, à la fin mars, il estime que les déclarations inquiétantes de la nouvelle administration américaine et les nouvelles données géopolitique rendent l’avenir de l’Europe hautement imprévisible. « Pour la première fois dans notre histoire, dans un monde de plus en plus multipolaire, tant de gens deviennent ouvertement anti-européens, ou au mieux eurosceptiques. Le changement à Washington met l’Union européenne dans une situation difficile […] la nouvelle administration semble mettre en cause les soixante-dix dernières années de politique étrangère américaine ».
Donald Tusk évoque les déclarations provocatrices de Donald Trump qui s’est ouvertement réjoui du Brexit et qui a pronostiqué que d’autres pays quitteraient l’UE dans le sillage des Britanniques. Trump a également eu des mots très critiques envers l’OTAN, qu’il a qualifiée d’organisation « obsolète ». Mais les propos du président du Conseil européen ne visent pas uniquement Washington. M. Tusk mentionne « une Chine au comportement assuré, surtout en mer, la politique agressive de la Russie à l’égard de l’Ukraine et de ses voisins, les guerres, la terreur et l’anarchie au Moyen-Orient et en Afrique, avec le rôle majeur joué par l’islam radical ». M. Tusk considère ces données comme capables de troubler l’avenir de l’UE. Il semble néanmoins occulter la responsabilité majeure de l’Otan et de plusieurs puissances européennes dans la terrible crise syrienne, le soutien de milices terroristes comme le Front Al-Nosra, la timidité de l’Otan contre l’E.I. qui a pu exporter, jusqu’à l’intervention de la Russie, impunément son pétrole, sans oublier les grands dossiers de la Palestine ou encore le peu de cas que l’Union européenne a fait des démocraties arabes naissantes en ne soutenant pas leurs économies tout en poursuivant une politique agressive et infondée en Libye.
Concernant enfin l’Europe elle-même, Donald Tusk dénonce la menace nationaliste et xénophobe, ainsi que « l’état d’esprit des élites pro-européennes » et le « déclin de la foi en l’intégration politique et la soumission aux arguments populistes ». L’UE doit prendre des mesures « affirmées et spectaculaires afin de porter l’intégration européenne à un niveau supérieur […] L’union fait la force, la désunion nous affaiblit. »