Rached Ghannouchi a considéré, le 1er août, qu’il fallait interdire à Youssef Chahed de se porter candidat à l’élection présidentielle. Deux jours plus tard, Saïda Garrache, porte parole de la Présidence de la République, a exprimé la position de Béji Caïd Essebsi sur les déclaration du chef d’Ennahdha.
La porte-parole de la présidence de la République a affirmé, sur Shems FM, que M. Béji Caïd Essebsi a, comme tout le monde, suivi les propos de Rached Ghannouchi à la télévision sans en connaître au préalable le contenu.
Elle a ajouté que si, constitutionnellement, Béji Caïd Essebsi ne peut prendre position au sujet d’une éventuelle candidature de Youssef Chahed à l’élection présidentielle, rien, dans le document de Carthage (base politique du Gouvernement d’union nationale dirigé par Youssef Chahed), n’interdit à l’actuel chef de Gouvernement de se présenter à l’élection présidentielle.
Elle a précisé que l’interdiction faite à l’ex chef de gouvernement, Mehdi Jomaa en 2013, était consécutive à un processus juridique et une situation politique autres et qu’elle ne concernait en rien l’actuel chef de gouvernement.
La position de la présidence de la république est ainsi clairement définie.
Quelques critiques ont tout de même émaillé ces propos. Selon certains observateurs, une réaction plus vigoureuse du président lui-même aurait été plus judicieuse pour contrer une déclaration aussi anti démocratique et agressive de l’islamiste Ghannouchi qui veut rien de moins qu’exclure de la vie politique, sans aucune base logique ni juridique, l’actuel chef du gouvernement.
Béji Caïd Essebsi, garant du respect de la Constitution, aurait pu monter lui même au créneau pour défendre la liberté, pour chaque Tunisien, de se porter candidat à la Présidence de la République.
Béji Caïd Essebsi est souvent intervenu pour des question bien moins importantes et constitutionnellement délicates. On se souvient de la vigueur avec laquelle il était intervenu à propos de la crise de Nidaa Tounes en 2015. Il s’était alors exprimé en Prime Time à la télévision pour tenter de résoudre les problèmes de division au sein de Nidaa. Cette intervention avait provoqué des critiques sur son irrespect de la nécessaire partialité du chef de l’État envers les partis (la Constitution interdit les intervention partisanes du Président de la République): » »les affaires de Nida Touness concernent le pays » avait-il rétorqué.
Les affaires du gouvernement le concernent de façon bien plus directe.