Donald Trump a admis jeudi que Jamal Khashoggi était très probablement mort, menaçant Riyad de «très graves» conséquences si sa responsabilité était confirmée.
« Cela me semble bien être le cas. C’est très triste », a déclaré M. Trump, interrogé sur le possible décès de ce journaliste porté disparu depuis qu’il s’est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre. « C’est mauvais, très mauvais », a-t-il ajouté.
Ces déclarations marquent un net changement de ton de la part du président US.
Khashoggi, connu pour son franc-parler, s’était exilé aux États-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier Mohammed ben Salmane.
Quant au chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, de retours d’un déplacement à Riyad, il a déclaré: « Nous devons leur donner quelques jours de plus pour mener à bien les investigations afin que nous ayons une bonne compréhension des faits »
Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a annoncé qu’il ne se rendrait pas à une conférence économique organisée à Riyad et boycottée par un nombre croissant de personnalités, dont le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire.
Selon le New York Times, la monarchie saoudienne envisagerait de faire porter le chapeau de l’affaire Khashoggi à un haut responsable des services de renseignement, le général Ahmed Assiri, qui est aussi est un conseiller de « MBS », surnom du prince héritier.
La publication de nouvelles images tirées des caméras de vidéosurveillance retraçant les mouvements à Istanbul d’un officier des services de sécurité proche du prince héritier saoudien a fait encore monter d’un cran la pression sur Riyad.
L’homme en question, Maher Abdulaziz Mutreb, qui avait été identifié par les autorités turques comme l’un des membres d’une équipe de 15 agents envoyée par Riyad pour « assassiner » le journaliste, fait partie de l’entourage de « MBS », selon le New York Times.
La presse turque, affirmant s’appuyer sur des enregistrements sonores réalisés sur place, avait déjà publié mercredi de nouvelles informations accablantes, selon lesquelles Jamal Khashoggi aurait été torturé et assassiné dans le consulat dès le jour de sa disparition.
Enquête de l’ONU?
Le Washington Post a publié mercredi ce qu’il présente comme la dernière contribution de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journaliste évoque le manque de liberté de la presse dans le monde arabe. « Hélas, cette situation ne changera probablement pas », déplore le journaliste dans cette tribune transmise au quotidien par son traducteur au lendemain de sa disparition.
Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters Sans Frontières et le Comité de protection des journalistes ont de leur côté appelé la Turquie à demander une enquête de l’ONU sur l’affaire Khashoggi.
« L’implication des Nations unies est la meilleure garantie contre un blanchiment saoudien ou contre les tentatives d’autres gouvernements de passer sous silence le problème afin de préserver des relations commerciales lucratives avec Riyad », a déclaré Robert Mahoney, directeur général adjoint du Comité de protection des journalistes, dans un communiqué.
« Compte tenu de la possible implication des autorités saoudiennes dans la disparition forcée de Khashoggi et de son assassinat, ainsi que du manque d’indépendance du système de justice pénale saoudien, l’impartialité de toute enquête menée par les autorités saoudiennes serait remise en question », ajoute le communiqué.
Le parquet d’Istanbul a publié jeudi un texte affirmant qu’il informerait le public des avancées de l’enquête « en cas de nécessité ».