Il y a plus de six ans, le Derby Espérance vs Club Africain était l’événement absolu. Les deux publics étaient pleins d’imagination. Un côté nord entièrement rouge et blanc avec les Winners, Leaders… un côté sud sang et or avec les fameux Ultra Lemkechkhine, les Supras, Unico Grande Amore. Avant le match les deux publics s’espionnaient, il y avait des fausses rumeurs et de l’intox sur les préparatifs des fameuses « dakhla » et tout le monde se posait des questions sur les chorégraphies choisies.
Les groupes de supporters se faisaient financer par des chefs d’entreprises fidèles à leur passion. L’organisation était professionnelle, des calligraphes et des couturiers étaient mobilisés tous frais payés et en pension complète des semaines avant le jour « J », dans des hangars assez vastes pour préparer les énormes banderoles .
Les connaisseurs savaient que le véritable match avait lieu sur les gradins, quelque soit le niveau de la partie. Fumigènes, banderoles, chants, caricatures géantes des joueurs. Les publics étaient géniaux et tout le monde avait les yeux fixés sur les gradins. Même certains joueurs, en plein match, ne pouvaient s’empêcher de regarder de temps en temps les gradins tellement le spectacle était grandiose.
L’ingéniosité des publics était digne des plus grands clubs du monde. En voyant l’ambiance, on pouvait croire à une finale de coupe d’Europe. Avec une mise scène parfaitement réalisée, un jour, les clubistes avaient même formé un cœur géant. Un autre jour, l’Espérance, elle, avait réalisé une « dakhla » inoubliable avec pour thématique « César ». Une thématique jamais vue dans aucun stade au monde, avec une frise de colonnes antiques faisant la moitié du stade. Au centre, un gladiateur vainqueur de son homologue clubiste, au dessus, un César baissant le pouce pour mettre à mort le perdant. Des drapeaux dorés au premier niveau, rouges et jaunes au second. C’était à couper le souffle. Pas celui des joueurs en tout cas, qui se sont battus comme des… gladiateurs justement. (cf. photos).
Les 60 000 spectateurs participaient aux matchs. Ils ne tarissaient pas de nouveautés, ils étaient debout, de bout en bout, ils chantaient durant trois heures. Parfois les fumigènes étaient tellement opaques qu’on ne pouvait plus voir le terrain. Espérons que ces beaux jours reviendront, que l’esprit festif l’emportera à nouveau, et avec lui, l’esprit de victoire et de réussite. Bon derby.