Au lendemain du coup d’État raté de juillet 2016, Erdogan a purgé le pays de ses opposants et lancé, en 2017, une réforme constitutionnelle lui assurant les pleins pouvoirs. Il les a désormais obtenus suite aux élections présidentielles et législatives de dimanche.
Erdogan n’a pas attendu dimanche soir la fin du dépouillement ni la publication des résultats officiels par la commission électorale pour revendiquer sa victoire.
L’opposition menée par son premier concurrent à la présidentielle, Muharram Ince qui n’a réuni que 30% des suffrages, a crié à «la manipulation», mais le rouleau compresseur de l’autocratie turque n’en a cure.
Autre gagnant : le Parti HDP à majorité kurde
Le seul autre remarquable gagnant de ces élections est le Parti HDP à majorité kurde. En réalisant un score de 11%, le parti franchit la barre des 10% nécessaire pour entrer au Parlement où il obtient environ 65 sièges sur 600. Le chef du HDP, Selahettin Demirtas, candidat à la présidentielle depuis la prison où il est enfermé obtient 8% des voix. Dans les régions à forte population kurde du sud-est de la Turquie, les voix se sont réparties entre le HDP et l’AKP d’Erdogan.
Le nouveau régime d’Erdogan exclu toute opposition
La présence du parti pro-kurde comme des autres députés d’opposition au Parlement sera surtout symbolique. Car Erdogan va désormais pouvoir gouverner la Turquie selon la réforme constitutionnelle d’avril 2017 qui instaure un système présidentiel à l’américaine, sans premier ministre et avec des conseillers désignés par le seul chef de l’Etat.
Remise en cause de la laïcité?
Le pouvoir est garanti et total jusqu’en 2023. «Erdogan est capable d’ouverture et d’adaptation», considère Haidar Cakmak, professeur de relations internationales à l’Université d’Ankara. «Il sait par exemple que la laïcité est fondamentale pour les Turcs et ne la remettra pas en cause».