Par Abdelaziz Belkhodja, le 17 juillet 2017
NOTE IMPORTANTE : toutes les dates se situent avant Jésus-Christ.
Hannibal (247-183) est le plus connu des membres de la famille carthaginoise des Barca qui compte 4 généraux: Hamilcar et ses trois fils, Hannibal, Hasdrubal et Magon.
Les quatre Barca ont, chacun à son tour, combattu Rome pour la défense des valeurs de liberté et de fédéralisme que Carthage a faites siennes depuis sa fondation au IX s. avant J.-C.
Hannibal naît pendant la Guerre de Sicile (ou Première Guerre punique). Alors que Carthage recule devant Rome, son père, Hamilcar Barca, est désigné chef des forces armées carthaginoises. Il réussit à inverser le cours de la guerre, mais, suite à une défaite navale (241) , les sénateurs de Carthage décident, contre toute logique, d’arrêter les hostilités. Invaincu sur le terrain, Hamilcar considère la décision des sénateurs comme une traîtrise et démissionne de son poste de chef de l’armée.
La défaite a entraîné la Révolte des Mercenaires (240) qui menacent Bizerte, Utique et Carthage. Mais avec le rappel d’Hamilcar à la tête d’une petite armée de citoyens, combattant souvent à 1 contre 10, Carthage parvient à retourner la situation en sa faveur. Les révoltés sont définitivement éliminés au «Défilé de la Scie» (El Monchar)
Alors que Carthage était très affaiblie à la suite de ce terrible conflit, Rome en a profité pour lui déclarer la guerre. Exsangue, la métropole punique a du accepter toutes les conditions imposées par les Romains: l’annexion de la Sardaigne et de la Corse, en plus d’une augmentation des dommages de guerre.
Conscient de l’extrême péril dans lequel Rome maintenait Carthage, Hamilcar abandonne toute prétention politique, pourtant à sa portée, et commence l’exécution d’un plan destiné à redonner à la République toute sa puissance et sa richesse perdues.
Il négocie avec les Conservateurs une réforme militaire accordant à l’armée le choix de son chef, puis, à la tête de celle-ci, il se lance, en 237, à la conquête de la riche péninsule ibérique.
À sa mort en 228, Hamilcar laisse un puissant et riche État ibéro-punique. Grâce à lui, Carthage a compensé ses territoires perdus et développé son circuit commercial. L’Ibérie lui fournit en outre d’importantes richesses agricoles et minières.
Le successeur et gendre d’Hamilcar, Hasdrubal Le Beau, poursuit l’expansion de l’État ibéro-punique vers le nord et fonde, en 227, une nouvelle capitale, Carthage La Neuve (aujourd’hui Carthagène). En 226, Hasdrubal négocie avec Rome – qui s’inquiète de la puissance retrouvée de son ennemie – un traité limitant la zone d’influence carthaginoise au fleuve Ebre (Ebro, qui a donné leur nom aux Ibères).
Hasdrubal est assassiné en 221. L’armée élit alors Hannibal, fils d’Hamilcar, commandant en chef des forces carthaginoises. Il a 26 ans.
Comme le rapporte Tite-Live dans un fameux texte, Hannibal savait obéir et commander et de ce fait, était le préféré des officiers comme des soldats. Cultivé, polyglotte, frugal, infatigable, il était adulé par ses hommes qui lui sont restés fidèles durant tout son commandement (221-195).
Pour consacrer le caractère ibéro-punique de l’État, il épouse une princesse espagnole, Imilce, de Castulo, aujourd’hui Linarès, réalisant ainsi, dans une geste alexandrine, la fusion des deux peuples.
La génie tactique d’Hannibal est apparu dès sa prise de commandement.
Le premier exemple qui nous ait été rapporté est celui de sa tactique utilisée lors de la bataille du Tage (220) où il a optimisé l’utilisation du terrain pour déstructurer l’adversaire et lancer, dès lors, toute sa force de frappe.
Hannibal, adulé aujourd’hui encore par les plus grands militaires du monde, est l’inventeur des plus géniales tactiques militaires de l’histoire.
Son armée comprenait des corps spéciaux comme celui des « Commandos » dirigés par son frère Magon, ou encore le corps du Génie, le corps de Communication et un fameux corps du Renseignement, « il avait des espions jusque dans le sénat de Rome » rapportent les Anciens. Son état-major comptait des généraux originaires de tous les pays alliés à Carthage, de la Libye à l’Espagne. Quand à ses soldats, ils venaient de tous les pays de la Méditerranée occidentale. Ce n’étaient pas des mercenaires mais des soldats des pays alliés à Carthage.
Adaptées aux armes actuelles, ses tactiques sont étudiées, aujourd’hui encore, dans les plus prestigieuses écoles militaires du monde. Elles sont utilisées dans la plupart des grands conflits (ici).
En 218, Rome, inquiète de la puissance retrouvée de Carthage, se base sur un prétexte fallacieux et lui déclare la guerre.
Alors que les Romains préparent deux corps expéditionnaires, l’un destiné à l’Espagne et l’autre à Carthage, Hannibal positionne ses forces sur tous les territoires sous son autorité, prépare l’attaque de la Sicile à partir de Carthage, met en place une redoutable propagande de guerre et prépare une grande marche de Carthagène d’Espagne vers l’Italie.
Son objectif est clairement défini : briser la force militaire romaine, redonner aux peuples italiques leur liberté et obtenir la restitution des territoires carthaginois de Sicile, de Corse et de Sardaigne.
A la tête d’une armée de 110 000 hommes, il part de Carthagène, traverse l’Ebre, les Pyrénées, le Rhône et enfin les Alpes qu’on croyait infranchissables. Par cette prouesse, avant même de combattre, Hannibal entre dans la légende.
Le choix des Alpes est judicieux: la surprise est totale, l’armée a la possibilité de se reposer et enfin, la Plaine du Pô est peuplée de Gaulois soumis par Rome. Ils voient en Hannibal un libérateur…
Hannibal prend Turin en octobre et, un mois plus tard, inflige à Rome une première défaite au Tessin. Quelques jours plus tard, la bataille de la Trebbie (24 décembre) lui donne le contrôle de la plaine du Pô.
Hannibal traverse ensuite les Apennins et inflige à Rome une troisième grande défaite au Lac Trasimène (21 mars 217). Hannibal est alors à 150 km de Rome et les peuples italiques soumis, qui voient en lui un libérateur, commencent à se soulever contre Rome.
Fabius Maximus et la stratégie de la temporisation
Rome est en proie à la panique, la révolution gronde même à l’intérieur de ses murs. Les solutions les plus extrêmes sont appliquées. 25 révolutionnaires sont exécutés, les appels à la délation se multiplient. Fabius Maximus est nommé dictateur. Il abat tous les ponts qui pourraient mener Hannibal jusqu’à Rome, renforce les remparts, lève 17 nouvelles légions (255 000 hommes) et change radicalement la stratégie de guerre de Rome qui, dès lors, se résume en trois directives :
– Interdiction absolue d’affronter Hannibal.
– Frapper, en son absence, les villes qui lui ont fait allégeance.
– Empêcher, coûte que coûte, qu’il reçoive des renforts.
C’est la fameuse stratégie de la « temporisation » qui donnera son surnom à Fabius Maximus, « Cunctator ».
Pour éviter un débarquement carthaginois, la marine romaine occupe tous les ports italiens ; et pour empêcher ses frères, restés en Espagne, de lui envoyer des troupes, l’Ebre est verrouillé.
La stratégie de Fabius remet sérieusement en cause les objectifs d’Hannibal qui simule alors quelques déboires militaires pour manipuler le Sénat de Rome et le pousser à abandonner la « temporisation » et à adopter des mesures belliqueuses. Enfin il se dirige vers Cannae, en Apulie, où il s’empare des réserves à blé de l’armée romaine.
Humilié, le Sénat écarte Fabius et sa « lâche » stratégie et forme une nouvelle armée de 8 légions (120 000 hommes) qu’il lance toutes contre le seul Hannibal.
La Bataille de Cannae
À Cannae (août 216), par la géniale tactique de « l’effacement du centre », Hannibal élimine les légions romaines, donnant ainsi raison à Fabius Maximus Cunctator et à sa théorie du refus du combat...
En moins de deux ans, entre 25 et 30% des Italiques en état de porter les armes ont péri. C’est bien plus qu’il n’en faut pour reconnaître sa défaite. Mais Rome refuse l’armistice.
Les officiers d’Hannibal veulent l’inciter à prendre Rome, mais il s’interdit d’attaquer une cité dont tous les soldats sont tombés à Cannes, une cité peuplée de femmes, d’enfants et de vieillards: « je ne suis pas venu en Italie pour faire une guerre d’extermination, je suis venu pour la dignité et la souveraineté de Carthage » dit-il, cité par Tite-Live.
Après Cannae
En 215, cédant à la pression populaire, le Sénat de Carthage décide d’envoyer des renforts en Italie. Mais des revers subis en Espagne détournent ces renforts, ce qui nous pousse à nous interroger sur les intentions d’une Carthage qui trouve plus d’intérêt à défendre ses possessions en Espagne qu’à aider Hannibal à concrétiser sa victoire déjà acquise en Italie.
Confronté à une mauvaise volonté manifeste de Carthage, et disposant d’un faible effectif qu’il ne peut disperser sans danger, Hannibal parcours l’Italie pour tenter de défendre les grandes cités qui lui ont fait allégeance. En vain car Rome, dès qu’il a le dos tourné, en profite pour attaquer ses alliés. C’est ainsi que tombe la grande Capoue, véritable capitale économique de l’Italie et la prestigieuse Syracuse, défendue par les fantastiques inventions d’Archimède. Leurs habitants sont massacrés pour dissuader les autres cités de s’allier à Hannibal qui réussi néanmoins à piéger et écraser plusieurs armées romaines dans de nombreuses autres batailles, mais Rome ne remettra plus jamais en cause sa stratégie de la temporisation.
Scipion
En 209, une lueur d’espoir vient du front espagnol : les armées carthaginoises ont détruit les armées romaines et tué leurs chefs, les frères Scipion. Le verrou de l’Ebre s’est ouvert ! Les frères d’Hannibal vont pouvoir lui envoyer des renforts. Mais Rome, consciente du danger, dépêche de nouvelles forces sur l’Ebre avec à leur tête Cornélius Scipion, fils et neveu des généraux tués en Espagne, pour refermer l’Ebre et empêcher toute sortie de renforts vers l’Italie.
Mais par deux fois, Scipion échouera dans sa mission.
En 207, Hasdrubal contourne les forces de Scipion et mène ses troupes jusqu’en Italie. Mais après sa traversée des Alpes et avant de réussir sa jonction avec son frère, son armée est détruite, sur le fleuve Métaure, par deux armées romaines.
Hannibal, ordonne alors à son dernier frère, Magon, de le rejoindre. Il s’agit d’une décision qui met en danger la présence punique en Espagne. Carthage ne la lui pardonnera pas.
Pour éviter le verrou de l’Ebre, où Scipion mobilise désormais toutes ses forces, Magon choisit de rejoindre l’Italie par une expédition maritime. Il rassemble son armée à Minorque, dans les Baléares.
Scipion panique. Un deuxième échec serait pour lui synonyme d’une fin de carrière précoce. Pour tenter de retenir Magon, il se déplace à Siga (Numidie) pour réactiver l’alliance avec Syphax contre Carthage et détourner vers l’Afrique l’armée de Magon. Mais Scipion échoue à s’assurer l’alliance de Syphax.
Cependant, à Siga, Scipion fait une rencontre imprévue avec Hasdrubal Giscon, général de la 3e armée carthaginoise d’Espagne en route vers Carthage. Selon plusieurs sources, Giscon et Scipion auraient eu de longues discussions empreintes d’une étrange intimité, assez malvenue entre deux généraux ennemis.
Scipion a-t-il alors été informé des rapports exécrables existants entre Hannibal et Carthage ? A-t-il concocté un plan destiné à profiter de ces dissensions pour gagner la guerre ? Nous pouvons le conjecturer d’autant plus que tout ce qui va se passer à partir de la rencontre de Siga va confirmer ces hypothèses.
Alors que l’Espagne a été vidée de ses armées par le départ d’Hasdrubal puis celui de Magon, Scipion va à Rome où il se présente comme le «conquérant de l’Ibérie». Le peuple romain, humilié depuis des années, l’accueille en héros, mais au Sénat, l’accueil est bien plus mitigé et le triomphe pour la conquête de l’Espagne lui est refusé car Scipion a échoué dans sa mission première qui est d’empêcher les renforts d’Espagne vers l’Italie.
Scipion demande au sénat une armée avec laquelle il projette d’affronter Carthage sur son territoire. Le Sénat, partisan de la guerre méthodique la lui refuse car il considère qu’il faut d’abord vaincre Hannibal, qui occupe le Sud et Magon qui occupe le Nord. Scipion insiste et fait miroiter au Sénat la fin de la guerre, avant la double offensive d’Hannibal et de Magon. Un compromis est alors trouvé : Rome ne se privera d’aucun de ses soldats ni d’aucun de ses navires et ne financera pas l’expédition de Scipion, par contre le sénat le nomme proconsul de Sicile. Là, il se débrouillera, pour trouver de l’argent, construire une flotte, rassembler une armée et l’emmener en Afrique.
Alors qu’Hannibal et Magon préparent la jonction de leurs armées, Scipion rassemble à la hâte une armée non professionnelle et débarque en Tunisie. Il y emporte deux petites victoires et étrangement, Carthage décide d’arrêter la guerre et signe un armistice. C’est ainsi que se termine, en queue de poisson, la Seconde Guerre punique.
Hannibal, de retour d’Italie, stigmatisera la trahison des sénateurs carthaginois: « [me] voilà donc vaincu, non par le peuple romain, [que j’ai] tant de fois taillé en pièces et mis en fuite, mais par le Sénat de Carthage, instrument de la calomnie et de l’envie. La honte de mon retour donnera moins de joie et d’orgueil à Scipion qu’à cet Hannon, qui pour abattre notre famille n’a pas craint, à défaut d’autre vengeance, de sacrifier Carthage.» (cité par Tite-Live)
Zama, une invention de Polybe ?
De tous les écrits relatif à la « guerre d’Hannibal », le seul texte qui nous soit parvenu est celui de l’historiographe officiel de Rome, Polybe.
Au service de son maître Scipion Emilien, qui a détruit Carthage un demi siècle après la Deuxième Guerre punique, Polybe a réécrit l’histoire de la guerre, inventé une nouvelle déclaration de guerre et une défaite d’Hannibal: Zama, destinée à contrebalancer, dans les esprits, l’immense défaite de Cannes et tenter ainsi d’effacer un tant soit peu l’humiliation qu’Hannibal a fait subir à Rome. Cette réécriture avait d’autres buts: rehausser le prestige de la famille de Scipion et justifier le terrible génocide sur Carthage.
Mais cette version polybienne de l’histoire est très sérieusement remise en cause aujourd’hui par des arguments archéologiques et historiques incontournables.
Hannibal reste à la tête de l’armée puis devient président de la République, Scipion, lui, est accusé de corruption à propos d’un traité de paix.
Plus évident encore: selon le traité de paix rapporté par Polybe, Carthage n’avait plus le droit d’avoir une marine militaire, or des recherches archéologiques ont prouvé que le fameux port militaire de Carthage d’une capacité de 220 navires, a été construit après la guerre, ce qui prouve que Carthage a gardé toute sa capacité militaire et l’a même développée. Or cela remet en cause de façon fondamentale la fin de la guerre rapportée par Polybe qui parle d’une victoire écrasante de Rome.
Près de 7 ans après la guerre (196), Hannibal est élu président de la République. Le mandat présidentiel à Carthage bien que limité à une seule année, lui suffira pour s’attaquer à la corruption, redresser l’économie de Carthage et assurer son invulnérabilité.
Hannibal en Orient
En 195, Hannibal part en Orient, non comme un fuyard, comme a voulu le relater Polybe, mais pour s’allier au plus puissant ennemi de Rome, le roi Antiochos III et préparer avec lui une double offensive sur l’Italie. Mais le roi Séleucide n’écoutera pas les conseils d’Hannibal et finira par perdre la guerre. Hannibal, durant ce conflit, commandera avec brio une flotte.
En 191, il va en Crête où il tentera de réunir un corps expéditionnaire destiné à attaquer l’Italie par Carthage, mais les responsables puniques, compromis avec Rome durant l’absence d’Hannibal, refusent le projet.
Hannibal, bâtisseur
En 189, Hannibal se déplace en Arménie où il conseille le roi Artaxias qu’il a connu dans l’état-major d’Antiochos. Il sera son urbaniste pour la construction de sa nouvelle capitale Artaxata (aujourd’hui Artashat).
Enfin, en 187, il rejoint le royaume de Bythinie, dirigé par Prusias pour lequel Hannibal se bat sur mer et l’emporte contre le puissant Eumène II de Pergame, allié de Rome.
Hannibal bâtira pour Prusias sa nouvelle Capitale, Brousse, devenue bien plus tard la capitale des Ottomans.
Hannibal, écrivain
C’est dans ce dernier asile qu’Hannibal finira ses jours. Il écrira deux livres pour avertir les Grecs de la prochaine perte de leur indépendance, une « Lettre aux Athéniens » et une « Lettre aux Rhodiens ».
La mort d’Hannibal
Mais tant qu’Hannibal est en vie, Rome ne se sent pas en sécurité. Un ambassadeur, Flamininus, est envoyé chez Prusias (certains disent que c’est le fils de Prusias qui fut le traitre) pour demander la tête d’Hannibal.
Un jour de l’an 183 aec, Hannibal découvre que toutes les sorties, même les plus secrètes, de son palais, sont surveillées par des Romains.
Alors, il accomplit le dernier geste en son pouvoir et s’empoisonne, préférant ainsi la liberté à la vie.
La désinformation romaine
L’histoire d’Hannibal subira la désinformation d’une Rome peu encline à laisser ce symbole de la résistance et de la liberté prospérer. C’est ainsi que les auteurs romains, occultant son message politique ne transmirent que son génie tactique. Mais depuis quelques décennies, c’est une nouvelle image d’Hannibal, bien plus puissante, qui surgit de la recherche historique.
La destruction de Carthage, prélude à l’empire romain
Si le sort a finalement consacré la victoire romaine, ce n’est pas parce que Rome a héroïquement résisté au rouleau compresseur des Barca, mais plutôt parce que le gouvernement carthaginois s’est déchargé d’un conflit dont il ne mesurait pas l’ampleur, et parce qu’Hannibal était trop féru d’humanisme pour transformer son combat en une guerre d’extermination.
Rome n’a pas eu les mêmes scrupules. Elle a fini, un demi-siècle après, par saccager Carthage; puis par réaliser en partie l’objectif du Carthaginois : l’unité de la Méditerranée. Mais cette Pax Romana s’est réalisée au détriment de la liberté et de la diversité ; Rome a laminé les autres civilisations en imposant une standardisation dont les effets ont été humainement, culturellement et politiquement dévastateurs.
L’histoire d’Hannibal nous enseigne que la liberté n’est pas négociable. Son combat demeure, car le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui reste tributaire de cet impérialisme que le Carthaginois a combattu toute sa vie, mais qui a fini par triompher de lui, faute d’alliés assez clairvoyants pour comprendre que ce combat était celui de tous.
En somme, vingt-deux siècles plus tard, l’humanité en est toujours au même point.